14.11.2021

33e dimanche ordinaire

Chers jeunes confirmands, mes sœurs, mes frères,


Nous connaissons tous les pensées du Seigneur, qui sont des pensées de paix, des pensées positives comme on dirait aujourd’hui, des pensées qui vont nous épargner tout malheur. Mais, nous le savons, pour que ces pensées s’accomplissent, le Seigneur a besoin de nous, il a besoin d’ouvriers sur cette terre pour mettre ses pensées en œuvre à la suite de Jésus. Parce que, et cela vous le savez aussi, nous sommes appelés à continuer son action sur cette terre : c’est pourquoi le Seigneur nous demande de l’appeler, de rester connectés avec lui, afin qu’il puisse nous écouter et nous rassembler en un seul peuple de sauvés.


La prophétie du Livre de Daniel, entendue à l’instant, nous parle de délivrance, qui verra nos noms inscrits dans le Livre de vie. La Lettre aux Hébreux nous apprend que le pardon nous délivre du Mal. Et saint Marc, dans son Évangile, parle du Fils de l’Homme envoyant des anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, ceux qui recevront le salut.


Ces textes que la liturgie nous offre aujourd’hui, ces paroles que Dieu a choisies de nous dire aujourd’hui, sont d’une couleur particulière, vous en conviendrez ! On parle de délivrance, de rassemblement et de salut… C’est comme si on était arrivé au bout d’un processus et que l’on mette en place la conclusion d’un grand récit.


Eh bien, de dire cela chers amis, je pense que c’est juste ! Le Seigneur Dieu nous parle bel et bien de la fin des temps. Il nous l’explique, non pour nous apeurer, mais au contraire pour nous y préparer ; et il se veut rassurant en employant des images fortes qui doivent parler à de futurs confirmés comme vous, c’est-à-dire – et je les répète – : la délivrance, le rassemblement et le salut. C’est là tout le développement de notre vie chrétienne, de notre vie d’ouvriers du Seigneur appelés à régner un jour avec lui dans la gloire de l’éternité.


Vous avez été baptisés, vous le savez, et vous connaissez aussi les effets de ce sacrement qui vous a faits fils et filles de Dieu, en recevant sa propre vie par son Esprit Saint ; cet Esprit qui est l’amour et qui nous aime de l’intérieur pour que nous soyons capables d’aimer comme lui. Et recevoir la vie de Dieu en forme d’amour, c’est être délivré du mal, car paré à lutter contre lui, dans le pardon et la pénitence. Oui, mes amis, le baptême vous a apporté, comme à chacun de nous, la délivrance, c’est-à-dire que le mal, le péché, ne pourra jamais nous lier au point de nous perdre au fond de l’enfer ! Ainsi, par le baptême, vous êtes devenus des ouvriers de l’amour, imitant Jésus à l’écoute de sa parole.


Puis vous avez plus tard, ayant grandis, reçu le Corps du Christ dans l’Eucharistie, au jour de votre première communion. C’est le sacrement qui, maintenant que vous êtes fils et filles de Dieu par le baptême, vous incorpore au Fils de Dieu, à Jésus que vous recevez en nourriture. Recevoir Jésus en nourriture, c’est être appelé à lui ressembler de plus en plus. Il y a une très belle phrase de saint Augustin pour dire cela, c’est celle-ci : « Quand tu communies, deviens ce que tu contemples, contemple ce que tu reçois, reçois ce que tu es : le Corps du Christ ». Phrase que l’on peut rassembler en ces mot : “Quand tu communies, deviens ce que tu reçois”.


Y pensons-nous suffisamment mes amis, chers frères et sœurs ? Communier au Corps de Jésus, c’est devenir cet ouvrier de la Parole qu’il était lui-même. Et, nous le savons bien, la Parole rassemble ; ceux qui partagent les mêmes opinions, les mêmes idées, les mêmes principes fondamentaux de l’humanité se rassemblent. Ainsi les chrétiens, regroupés par le corps de Jésus offert en nourriture, forment un rassemblement, le Corps du Christ, c’est-à-dire l’Église, gouvernée par l’amour de l’Esprit-Saint.


Et cette Église, aujourd’hui, chers amis vous voulez la manifester grâce au sacrement de la confirmation qui met le chrétien en route dans sa tâche de disciple du Seigneur. Et c’est un geste d’une importance capitale que vous allez poser quand vous direz tout à l’heure : « Me voici ». Ce “me voici” est lourd de sens ; ce n’est pas juste une affirmation de votre présence, comme on répondrait à un appel en classe, c’est quelque chose de beaucoup plus profond : dans ce “me voici”, il y a celui du Seigneur qui a accepté d’être envoyé par Dieu son Père en ce monde, et qui sous-entend donc ces mots : « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté ». “Je suis venu pour faire ta volonté”, dites-vous à Dieu aujourd’hui, mes amis. Ce n’est pas rien… J’espère que vous en mesurez la portée ? […] Le Seigneur nous appelle, ouvriers adultes pour travailler à l’avènement de son royaume de paix déjà en ce monde, et vous choisissez de répondre “me voici”. Vous posez donc un choix. Et, vous le savez, poser un choix implique l’entier de notre personne, poser un choix c’est poser un acte de liberté. Et c’est cela que le Seigneur veut et qu’il apprécie tellement : il veut que nous soyons libres, parce que la liberté appelle les choix de vie, de notre manière de vivre, de la qualité de nos désirs, et j’en passe, les choix qui, nécessairement, mettront en œuvre son Amour par son Saint Esprit.


Aujourd’hui vous recevez l’Esprit Saint, l’amour de Dieu qui ouvre à tout, favorise tout, ose tout pour que règne le bien, la justice et la paix, afin que vous soyez de vrais ouvriers du Bien, de vrais amoureux de la Justice dans toutes ses dimensions, de vrais semeurs de Paix. Les sept dons de l’Esprit Saint que vous allez recevoir, ce n’est pas du pipeau, ni pour faire joli dans le décor, ils vous sont donnés parce qu’ils sont le résultat de votre choix de suivre le Christ, et qu’ils vous rendront libres de préparer, chacun selon ses possibilités, les chemins qui conduiront les hommes et les femmes de ce temps, vos frères et sœurs – et vous avec – vers la vie éternelle. Il faut la sagesse, l’intelligence, le besoin du conseil, la force, la connaissance de Dieu, la prière et l’adoration filiale pour parvenir au salut, c’est nécessaire : ce sont les balises du chemin !


“Oui, Seigneur, me voici, avec mes frères et sœurs je veux faire partie des élus, ceux que ton Fils a sauvés en leur donnant ta vie par le sacrifice de la sienne sur la croix. Donne-moi ton Esprit Saint pour que, confirmé, marqué de ton huile sainte de vie, je contribue à ton œuvre de salut !”


Ainsi soit-il !

Mgr Jean Scarcella