Ciné-concert avec orgue

« L’art de l’improvisation sur un film muet demande de l’organiste une approche tout à fait particulière. La fonction de la musique dans le contexte d’un film est très différente de celle dans le cadre d’un concert solo ou d’une messe. Dans le cas du ciné-concert, elle n’est pas autonome : elle dépend du déroulement du film. Elle doit, avant tout, accompagner l’image, commenter les scènes, créer les ambiances propres à chaque moment du film. Grâce aux moyens musicaux, les effets, ou les sentiments créés par le réalisateur deviennent beaucoup plus forts et signifiants. C’est pour cela qu’il est primordial pour un organiste qui accompagne un film-muet de connaître chaque seconde du film par cœur, et d’interpréter correctement le sens de chaque scène pour guider l’auditeur dans sa compréhension du film. 

Une autre particularité de la musique improvisée pour un film est selon moi la notion de langage musical. 

Dans ce cadre, nous n’avons pas de contrainte d’unité stylistique. C’est à dire d’attacher à un contexte musical particulier comme par exemple en improvisant sur un prélude et fugue « dans le style de Bach », une fantaisie romantique « dans le style de Brahms », etc. Au contraire, tous les moyens sont permis pour contribuer à renforcer le sens de l’image, ainsi que pour bien conduire la narration musicale afin de ne pas fatiguer ou ennuyer l’auditeur. Ce qui n’est pas évident à faire avec un film d’une heure et demie, car nous n’improvisons jamais aussi longtemps et sans arrêt en concert ! Je trouve que La Passion de Jeanne d’Arc de Dreyer se marie parfaitement avec l’orgue. La grande variété de timbres de cet instrument, son amplitude sonore résonnant dans des lieux tels que les églises avec leur acoustique riche en réverbération permettent de restituer justement et dignement la thématique difficile mais aussi profonde et très riche en émotions de ce chef-d’œuvre du cinéma. »

Karol Mossakowski

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La Billetterie

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